vendredi 8 avril 2016

Avoir un proche malade - 1ère partie

"Se sentir impuissant face à la maladie"


Face à la souffrance de quelqu'un que l'on apprécie, on ne peut que se sentir perdu et inutile. J'avais déjà entendu cette phrase, mais je n'osais pas y croire. Maintenant, c'est différent, je le vis. Le propriétaire de Jabu, Philippe, n'est pas au mieux de sa forme. [N.d.A : Raison pour laquelle son chat vit chez moi] Et je ne parle pas d'une petite grippe.
Une personne malade bah elle a un rythme de malade, hein. Elle est au ralenti, elle a besoin de soins, d'attention... C'est le rythme de tout l'entourage qui doit s'adapter. Et encore, moi je ne suis que l'amie. Je n'imagine même pas le calvaire de la famille. 

Ensuite, et c'est le cas de Philippe, un malade, il a du mal a accepter qu'il est au plus mal. Vous avez donc droit à des phrases du type :

"Non, mais ce n'est vraiment pas grand chose, tu sais"

Tandis que les parents et les médecins ont un tout autre son de cloche :

"C'est une tumeur maligne, on va le garder en observation" 

Ces phrases sont belles et bien véridiques, je les ai entendues de mes oreilles.

Et puis, les activités qui autrefois paraissaient si simples, dans le cas de Philippe tenir un blog, être actif sur les réseaux sociaux, appeler ses amis, sortir, bref vivre sa vie de jeune de vingt ans, deviennent quasiment impossibles. Il ne se déplace plus et aime être seul. La peur du regard des autres, j'imagine. Ou peut-être le refus de se montrer en situation de fragilité.

Puisqu'il veut être souvent seul, il a perdu pas mal d'amis, très proches pour certains. Il y a des individus, comme ça, qui ne parviennent pas à concevoir qu'un malade n'ait pas envie de les voir, ou se renferme sur lui-même.

Je pense que le problème, c'est que les gens n'arrivent pas à s'imaginer une personne qu'ils côtoient régulièrement malade. Par exemple, pour Philippe, qui est étudiant, ses camarades de classes demandaient :

"Mais il va revenir, hein ?"

Ce qui montre qu'ils sont focalisés sur l'image du Philippe qu'ils connaissent et s'inquiètent de savoir s'il reverrons cette image. Ils ne visualisent pas un Philippe malade et triste.

En parlant de tristesse, c'est sûr qu'être malade ce n'est pas forcément très réjouissant, et que par conséquent, l'état psychologique de l'individu n'est pas très bon. Le moral de l’entourage n'est pas au beau fixe non plus : comment voulez-vous rester stoïque et optimiste face à un jeune homme qui vous parle déjà de sa mort et de son testament ? Bien sûr vous le rassurez, mais vous ne pouvez pas non plus sortir des banalités affligeantes telles que :

"Mais non, tu vas t'en sortir, tu verras."

Parce que même dans toute votre volonté de bien faire, et de calmer les inquiétudes du malade en même temps que les vôtres, vous ne pouvez pas savoir ce qu'il adviendra par la suite.

Mais vous êtes face à un dilemme, parce que si vous ne pouvez pas garantir une guérison, vous ne pouvez pas non plus jouer les oiseaux de mauvais augure en annonçant un destin funeste. Vous êtes donc réduit à répéter les dires des médecins. 

Autre problème, si vous êtes inquiet et triste, et le malade aussi, la situation n'avance pas. Vous êtes cantonné à l'accompagner et à le soutenir en montrant le moins d'affliction possible, tout en gardant un visage ouvert montrant quelques émotions. Dure situation, donc.

Vous êtes triste, et vous voyez l'objet de votre tristesse, en l’occurrence le malade, régulièrement. Une fois seul chez vous, vous n'avez pas envie de vous replonger dans cette tristesse, donc vous tentez de vous ressourcer en éloignant le plus possible ce qui vous rappelle le malade. Quand je me rends chez Philippe, je ressors en larmes. Je revois un livre qu'il aime bien, un jeu auquel on jouait ensemble, une page de blog qu'on a écrite... Tout cela me rappelle qu'il n'est pas là, qu'il n'est pas pour l'instant en état de faire ces choses et que je ne sais pas quand ni si il le sera.

Sinon, je crois bien que je n'ai jamais autant fréquenté un hôpital de ma vie !

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